Elle n’en dira pas plus, elle n’en fera pas plus. Elle sera comme un tout petit éclat de verre, planté dans la main, planté dans l’épaule, une minuscule chose, un infime dérangement avec lequel toute la terrible tribu du troquet devra apprendre à vivre, car il n’y aura pas moyen de s’en défaire, mais pas moyen d’y toucher non plus, cette fille-là, c’est du verre, ébréché, tranchant, c’est de la lumière brisée qui vous coule entre les doigts si vous essayez de la saisir.

Ce n’est pas un hasard si les textes de Diane-Monique Daviau ont si souvent fait l’objet d’adaptations radiophoniques. Voilà une écriture qui sollicite la voix autant que l’intelligence, une sensibilité discrète et active qui nomme le monde réel. Tout bouge dans ce magnifique recueil d’abord paru en 1993. Si les précédents livres de l’auteure trahissaient son attrait pour les formes visibles, c’est le mouvement et la musicalité que l’on ne manquera pas d’entendre ici.